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SUSE/openSUSE, plus qu'un changement de nom, une vraie menace?

openSUSE/SUSE

Tout a été dit sur la récente décision de SUSE, qui, pour une raison obscure, décide soudainement que son nom dans le projet communautaire est devenu une calamité. Rappelons que cette association a été établie vers 2005, soit il y a 19 ans, et il aura fallu tout ce temps pour reconnaître l’erreur. Cette erreur trouve son origine chez Novell, qui avait jugé, contrairement à Red Hat avec Fedora, qu’il était important de maintenir une trace du nom dans le projet communautaire. Cette décision était alors perçue comme un signe d’engagement et de rapprochement, ce qu’elle fut durant près de deux décennies, du moins jusqu’à ce que Novell soit racheté.

Pour la petite histoire, SUSE n’a jamais été un fervent défenseur du “tout ouvert”. C’est Novell qui les a poussés dans cette direction. Rappelons que c’est Novell, et non SUSE, qui a libéré YaST. De même, il ne faut pas oublier les délais de six mois pour obtenir une version “libre” alors que la version payante était disponible bien avant, un autre héritage auquel Novell a mis fin.

En lisant entre les lignes, on comprend que l’ouverture de SUSE et la naissance du projet openSUSE doivent tout à Novell, et rien à SUSE. Avec cela en tête, et le fait que SUSE a retrouvé son indépendance il y a quelques années, il est clair que nous assistons à un retour en arrière.

Des tensions étaient perceptibles en interne. J’ai été témoin d’une confrontation sévère entre l’équipe KDE (communautaire) et un employé de SUSE qui refusait de lâcher un paquet devenu un logiciel tiers de KDE, bien qu’il ne faisait pratiquement plus rien sur ce paquet. Les listes de diffusion sont également agitées, avec des disputes fréquentes et des départs abrupts. Le projet manque cruellement de main-d’œuvre, une situation aggravée par le fait que SUSE, tout en se vantant de son soutien, rappelle constamment qu’ils sont le pilier du projet : hébergement, financement, sponsoring, propriété du nom, des sources, des serveurs… Tout.

Un certain Richard a déclaré ceci :

Depuis cette réunion, le Conseil d’administration est intervenu et a changé avec force la personne autorisée à présenter le sujet à l’OSC au nom de SUSE. Il s’agissait d’un acte qui, je pense, contrevenait aux propres règles du Conseil d’administration concernant l’orientation des contributeurs et dépassait largement sa responsabilité envers les “intérêts communautaires de SUSE”. C’est au moins la deuxième fois de mémoire récente où le Conseil d’administration intervient directement et ordonne contributeurs - mon exemple précédent serait lorsque le Conseil d’administration a forcé la continuation de “MicroOS Desktop KDE” après sa suppression en raison du manque de responsables après une période de dépréciation d’un an et plus. Je tiens donc à être très clair sur ce qui suit : j’annule tout accord que j’aurais pu avoir avec vous selon lequel les questions de gouvernance ne sont “pas une priorité majeure”. Je n’ai actuellement aucune confiance dans l’actuel conseil d’administration d’openSUSE et je pense que le projet openSUSE est absolument essentiel. établit un nouveau modèle de gouvernance. Compte tenu de la discussion animée que nous avons eue lors de la conférence openSUSE, je m’attendais à ce que vous compreniez implicitement ce fait et que vous n’essayiez pas de donner l’impression que je soutenais votre point de vue selon lequel nos problèmes de gouvernance ne sont pas une priorité majeure. Je n’avais pas l’intention de rejoindre ce fil de discussion ici, mais votre fausse déclaration sur mon point de vue a dû être corrigée. Cela dit, je crois que la plus grande priorité est la question de l’image de marque. Les besoins de SUSE en tant que détenteur légal de la marque ne peuvent être ignorés, alors que le conseil d’administration d’openSUSE peut l’être. Les deux sont donc importants, mais la question de l’image de marque est la plus urgente et la plus urgente à résoudre. Je pense qu’il pourrait être judicieux d’aborder cette question dans le contexte d’une refonte de notre gouvernance, mais ce n’est peut-être pas le cas. Mais si nous n’abordons pas notre gouvernance en même temps que l’image de marque, c’est un problème qui devra être résolu assez rapidement par la suite. – Richard Brown Architecte des distributions SUSE Software Solutions Germany GmbH, Frankenstraße 146, D-90461 Nuremberg, Allemagne (HRB 36809, AG Nürnberg) Directeurs généraux/Geschäftsführer : Ivo Totev, Andrew McDonald, Werner Knoblich

La liste de diffusion est intéressante à lire, car elle révèle les concepts, les enjeux… On y comprend l’urgence de créer une fondation, les demandes explicites de SUSE, et la fracture au sein de la communauté. Une partie redoute, à juste titre, le changement de nom et ses conséquences, telles que la perte de reconnaissance (comme Mandriva avec Mageia), ou encore la réduction des ressources allouées par SUSE. Bref, il y a beaucoup à dire, notamment sur la lente agonie d’openSUSE. Je le dis clairement : en lisant cette liste, vous verrez même “la communauté meurt…”

Ce constat est global. Chez Fedora, par exemple, on a failli ne pas avoir de LibreOffice en RPM faute de volontaires ; chez Debian, de nombreux paquets sont orphelins ; Funtoo abandonne et meurt lentement… Et la liste continue.

Comme je le disais dans le titre, ce n’est pas qu’un simple changement de nom, c’est une mutation. C’est ici que nous verrons si la communauté est assez forte pour faire vivre la distribution, ou si, comme dans la communauté francophone, il n’y a rien. Il va falloir créer une fondation pour protéger la marque et les droits. Si SUSE abandonne la communauté, il faudra également penser à la juridiction. À ce stade, il serait peut-être sage de s’intégrer à une organisation comme Debian, où Archlinux est aussi membre, ou SPI. Trouver un autre responsable pour l’hébergement des projets et des serveurs de builds devient une nécessité. C’est là qu’on comprend la relation fusionnelle et nocive entre SUSE et openSUSE.

Je le dis sans détour : je n’y crois plus vraiment. Sans SUSE, c’est la mort annoncée. J’espère sincèrement me tromper, mais je crains que le projet ne finisse dans l’oubli, comme Mageia.

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